Épisode 9 – Entre finitude et infinitude : Explorez votre relation au temps et découvrez la psychologie des perspectives temporelles

Épisode 9 de l’infolettre audio L’art d’être humain, animé par Pascale Dufresne.

Entre finitude et infinitude : Explorez votre relation au temps et découvrez la psychologie des perspectives temporelles

Plan de l’épisode:

  1. Introduction: Le paradoxe Finitude – Infinitude. “Nous ne disposons que d’une quantité finie de temps, mais d’un désir infini de vivre.” Sénèque
  2. 109 jours pour explorer votre relation au temps
  3. La psychologie du temps: 5 types de perspectives temporelles
  4. Et les outils/trucs/astuces de la gestion de temps dans tout ça?
  5. Alors, comment utiliser son temps à bon escient? Qu’est-ce qui compte vraiment?
  6. Conclusion: Des questions d’exploration

Sources:

1Livre: 4000 weeks – Time management for mortal
www.oliverburkeman.com/books

²The psychology of Time in our lives: 5 types of time perspective and 4 principles of time management
www.positran.eu/psychology-time-live-perspective/

³Livre: The Time Paradox
www.thetimeparadox.com/

4Inventaire des perspectives de temps (Sondage en ligne – en anglais)
https://www.thetimeparadox.com/zimbardo-time-perspective-inventory/

Pour écouter cet épisode :

Transcript de l'épisode
Quelle joie immense de vous retrouver à la suite de cette décélération estivale au coeur de ma forêt! 🌳

J'ai débuté un court texte sur la relation que nous entretenons avec le temps, (thème à propos en cette période de rentrée...).je me suis laissée emportée et voilà qu'est né l'épisode #9 de mes infolettres audios!

Mes enfants ayant 21 et 24 ans, la période de rentrée n'est plus ce qu'elle était. Mais je me suis mise à rêvasser à mes années de primaire et oh combien j'aimais ce moment de l'année ! L'odeur des cahiers neufs, les crayons de couleur bien taillés, toutes les découvertes à venir... J'ai repensé aussi aux cours d'éducation physique qui, eux, me procuraient moins de joie 😆. Les tests de course, de redressements assis... des moments où les minutes ... paraissaient des heures !

Fascinant, n'est-ce pas, cette relation au temps. Parfois, on souhaiterait qu'il dure infiniment, et parfois, c'est tout l'inverse. Et pourtant, c'est la même minute qui passe...

Nous avons tous cette même minute entre les mains... Mais tenter de la retenir est aussi vain que de vouloir arrêter une rivière dans son élan. Le temps, comme l'eau vive, trouve toujours son chemin.

J'ai récemment écouté, à la suggestion d'un bon ami, le livre "Four Thousand Weeks- Time management for mortals" d'Oliver Burkeman, qui nous invite à repenser complètement notre rapport au temps. Le titre fait référence au fait qu'une vie de 80 ans correspond à environ 4000 semaines. Ce chiffre, à la fois grand et petit, est une puissante invitation, non pas à vivre dans l'anxiété de ne jamais avoir assez de temps, mais à réaliser combien il est précieux et à choisir consciemment comment l'occuper.

Dans un monde où prime la mentalité du "toujours plus", où l'on cherche à optimiser chaque minute, à maximiser nos gains financiers au détriment de notre vie, à exploiter nos ressources jusqu'à la moelle, nous avons oublié comment vivre réellement dans le présent et savourer l'existence.

En remontant dans l'histoire, on constate d'ailleurs que les humains n'ont pas toujours eu ce rapport obsessionnel au temps. Autrefois, les gens vivaient au rythme des saisons, des travaux des champs, des animaux à soigner. Dans certaines sociétés, le temps n'est pas perçu comme linéaire, mais cyclique. Ou encore, il est vécu comme quelque chose de fluide, d'élastique, qui s'étire ou se contracte selon les moments et les besoins.

Dans notre société occidentale, nous avons tendance à voir le temps comme une ressource limitée, quelque chose que l'on possède ou non. "J'ai du temps" ou "je n'ai pas le temps", disons-nous souvent. Mais au fond, le temps nous traverse plus qu'il ne nous appartient. Nous sommes les passagers éphémères d'un flot qui nous dépasse et nous emporte. Alors à quoi bon tenter de gérer ce qui ne nous appartient pas...?

Aujourd'hui, dans notre monde ultra-développé, et obnubilé par la performance, sommes-nous pour autant plus heureux, plus épanouis ? Pas forcément.

C'est cette lecture qui m'a amenée à vous proposer cette réflexion autour des 109 jours qui nous sont offerts entre la période de la rentrée et le temps des fêtes. Et s'ils pouvaient être une occasion d'expérimenter et prendre du recul sur notre rapport au temps?

Nous aurons tous les mêmes 109 jours. Les considérerez-vous beaucoup? Ou bien peu? Aurez-vous envie d'étirer ou pas cette quantité finie de jours ou d'en arriver au plus vite aux vacances des fêtes?

Ces 109 jours révèlent un paradoxe au cœur de notre condition humaine: celui de la finitude et de l'infinitude.

D'un côté, nous sommes des êtres finis, ancrés dans un corps périssable et un temps compté. Chaque jour qui passe nous rapproche inexorablement de notre dernier souffle. Notre passage sur terre n'est qu'un battement de cil à l'échelle de l'univers.

Mais d'un autre côté, nous portons en nous une soif d'infini, une aspiration à transcender nos limites. Nous rêvons grand, nous projetons loin, nous cherchons à laisser une trace durable dans ce monde. Nous avons soif d'amour, de beauté, de sens, comme si notre cœur était trop vaste pour être contenu dans l'espace-temps qui nous est imparti.

Comme le dit Sénèque : "Nous ne disposons que d'une quantité finie de temps, mais d'un désir infini de vivre."

Ces 15 prochaines semaines, 109 prochains jours, ces 2616 prochaines heures, comment choisirons-nous de les vivre ? Peut-être en commençant par accepter notre finitude avec sérénité et gratitude, au lieu de chercher à tout prix à contrôler notre temps. Au lieu du "toujours plus", le "juste assez"?

Pourquoi les courir, pourquoi les gaspiller en tergiversant sur des décisions qui n'auront guère d'importance au final ? Pourquoi s'encombrer de tâches ennuyantes, s'épuiser à vouloir plaire à tout le monde ? Ou à se perdre sur les réseaux sociaux, trop souvent ... anti-sociaux? A ruminer, développer des rancunes, s'accrocher à des pensées envahissantes, chercher à gagner des débats inutiles pour le plaisir éphémère d'avoir raison ou ignorer quelqu'un que l'on aime?

Et si nous décidions plutôt de faire de chaque jour une occasion à être présents plutôt que pressés?

Comme le dit si bien Khalil Gibran : "Nous ne vivons que pour découvrir la beauté. Tout le reste n'est qu'attente."

J'ai lu ou entendu quelque part cette phrase qui résonne fortement avec moi, même si je n'ai pas réussi à en retrouver la source exacte : "Il n'y a d'urgent que de vivre".

Personnellement, je m'engage en cette rentrée à me créer de l'espace afin de laisser libre cours à mon esprit créatif, ne pas me créer d'urgences inutilement (une de mes spécialités !😆) et à bien doser l'important et l'urgent. Parfois, l'urgence sera de faire quelque chose qui me plaît vraiment, qui me nourrit profondément, simplement de laisser mon cerveau se reposer ou simplement de ... vivre. Accueillir ma finitude avec douceur sans forcer la "gestion" du temps qui m'est offert.

Et si, durant ces 109 jours, nous expérimentions un nouveau rapport au temps? Si, plutôt que de chercher à le posséder ou le gérer, nous apprenions à l'habiter pleinement?

Il y a mille et une façons de naviguer notre rivière de temps. Mais il nous est impossible d'arrêter son flot.

Est-ce que l'art d'être humain ne serait pas d'accepter notre finitude afin de vivre un infini de vie?

La psychologie du temps nous offre une façon de mieux comprendre notre perspective temporelle.
"Votre perspective temporelle est le type de lunettes que vous portez habituellement lorsque vous regardez le monde qui vous entoure et vous-même à l’intérieur de celui-ci. Ces lunettes ont trois principaux types de verres : passé, présent et futur. Êtes-vous une personne de l’ici et maintenant ? Pensez-vous parfois que vous êtes coincé dans le passé ? Lorsque vous choisissez entre le travail et les loisirs, allez-vous généralement travailler parce que votre avenir en dépend ?

La perspective temporelle (PT) concerne la façon dont nous nous concentrons sur notre passé, notre présent ou notre avenir lorsque nous prenons des décisions et agissons.

Elle a une influence puissante sur de nombreux aspects de notre comportement, notamment la réussite scolaire, la santé, le sommeil, le choix du partenaire amoureux et bien plus encore. Bien que la PT puisse être affectée par des forces situationnelles, telles que l’inflation, les vacances ou le stress, elle peut devenir une caractéristique de personnalité relativement stable. En général, les gens ont tendance à avoir une perspective temporelle dominante.
Il existe cinq principaux sous-types de perspective temporelle (1):

  1. futur

  2. présent-hédoniste

  3. présent-fataliste

  4. passé-positif

  5. passé-négatif


  1. Futur

  2. La personne qui est principalement orientée vers le futur s'efforce de travailler pour des objectifs et des récompenses futurs, souvent au détriment du plaisir présent, en retardant la gratification et en évitant les tentations qui font perdre du temps. Les personnes ayant une perspective temporelle future sont plus susceptibles de se passer du fil dentaire, de manger des aliments sains et de passer leurs examens médicaux à temps. Elles ont également tendance à avoir plus de succès que les autres. Le troisième petit cochon qui a construit sa maison en briques, en estimant correctement les dangers du loup, était certainement un cochon orienté vers le futur.

  3. Présent-hédoniste

  4. La personne hédoniste-présente vit dans l'instant présent, recherche le plaisir, apprécie les activités de haute intensité, recherche les sensations fortes et les nouvelles sensations et aime les aventures. Les enfants sont principalement orientés vers le présent-hédoniste. Malheureusement, un tel comportement peut avoir des conséquences négatives.

    Les hédonistes du présent risquent de céder aux tentations, ce qui conduit à pratiquement toutes les addictions (par exemple, l’abus d’alcool et de drogues), à une conduite dangereuse, à des accidents et des blessures, ainsi qu’à l’échec scolaire et professionnel.

  5. Présent-fataliste

  6. Le perspective temporelle du présent fataliste, en revanche, est associé à l’impuissance, au désespoir et à la croyance que des forces extérieures contrôlent la vie d’une personne, par exemple des forces spirituelles ou gouvernementales.

    (Les procrastinateurs auront souvent un profil "présent hédoniste" et/ou "présent fataliste". En effet, ils ont tendance à privilégier le plaisir ou le confort immédiat (regarder une série, traîner sur les réseaux sociaux, faire une sieste...) plutôt que les tâches importantes mais moins agréables. Ils peuvent aussi se sentir découragés ou impuissants face à l'ampleur de ce qu'ils ont à faire, et préférer l'évitement à l'action. Leur défi est d'arriver à se projeter davantage dans le futur, à visualiser les bénéfices à long terme de leurs efforts (satisfaction, fierté, opportunités...). Ils ont aussi besoin de renforcer leur sentiment d'efficacité personnelle, leur confiance dans leur capacité à affronter les difficultés et à progresser pas à pas.)
    (Les précrastinateurs, quant à eux, ont plutôt un profil "futur", avec une forte orientation vers les objectifs, le contrôle, la performance. Leur tendance à se précipiter sur les tâches est souvent liée à une anxiété de ne pas être à la hauteur, de passer à côté de quelque chose d'important.
    Leur enjeu est d'arriver à lâcher prise, à se reconnecter au moment présent et à leurs besoins fondamentaux. En apprenant à prioriser et à déléguer, ils peuvent peu à peu remplacer le stress par la sérénité, et l'urgence par le plaisir de faire les choses à leur rythme.)

  7. Passé-positif

  8. Les "passé positif" : tournés vers les bons souvenirs, la nostalgie, les traditions. Ils ont tendance à idéaliser le passé et peuvent manquer d'élan pour l'avenir.

  9. Passé-négatif

  10. Les "passé négatif" : hantés par les regrets, les traumatismes, les echecs passés. Ils ont du mal à profiter du présent et à se projeter de manière positive.

Perspective temporelle équilibrée
A noter que... Chacun des types de perspective temporelle peut avoir une certaine valeur personnelle, mais si elle devient excessive et exclut ou minimise les autres, elle peut alors avoir des des coûts et des sacrifices.

C’est ici qu’entre en jeu l’idéal d’une perspective temporelle équilibrée. Elle est proposée comme une alternative plus positive. Dans une perspective temporelle équilibrée de manière optimale, les composantes passées, présentes et futures se mélangent et s’engagent de manière flexible, en fonction des exigences d’une situation et de nos besoins et valeurs.

Que signifie avoir une perspective temporelle équilibrée ? Les personnes ayant une perspective temporelle équilibrée sont capables d’adopter une perspective temporelle adaptée à la situation dans laquelle elles se trouvent. Ainsi, lorsqu’elles passent du temps avec leur famille et leurs amis, elles sont pleinement avec eux, se connectent et s’amusent les unes avec les autres. Lorsqu’ils prennent un jour de congé, ils peuvent se reposer plutôt que de se sentir agités."

"(1) Traduction libre de The psychology of Time in our lives: 5 types of time perspective and 4 principles of time management - https://www.positran.eu/psychology-time-live-perspective/

Utiliser le temps à bon escient
Avez-vous déjà suivi un cours de gestion du temps ? Combien d’astuces de gestion du temps avez-vous apprises ? Combien d’entre elles avez-vous utilisées depuis ? Contrairement aux croyances populaires, les recherches montrent que la formation à la gestion du temps a très peu d’effet sur notre utilisation du temps et nos performances. Nous avons tendance à revenir à nos manières habituelles d’organiser le temps dans les semaines qui suivent une telle formation. C’est assez étonnant, compte tenu des ressources financières et autres investies par les entreprises dans ces cours. Leur incapacité à produire les résultats souhaités peut être attribuée au fait qu’ils se concentrent sur la mauvaise chose – le comportement plutôt que la psychologie du temps.

L'essence de la gestion du temps transcende le support ou la méthode. Alors qu'est-ce qui compte ? La conscience. Il s'agit de prendre conscience de ce qui est fait et de ce qui ne l'est pas, de ce que vous nourrissez par vos choix.

Quel besoin fondamental/valeur/sens je choisis de nourrir aujourd'hui? Ou bien est-ce que je choisis à partir de ma peur de déplaire, de ne pas arriver à rencontrer toutes les attentes? Ma peur de décevoir les autres? Me décevoir moi-même?

Quelle partie de moi a besoin d'être nourrie aujourd'hui?

Jour après jour, nous devons apprendre à naviguer le temps en quittant le mindset "réactif", où le temps nous échappe et nous contraint, pour embrasser le mindset "créateur", où vous redevenez l'auteur inspiré et bienveillant de votre vie. Vous expérimenterez le pouvoir de faire de votre temps un compagnon précieux, au service de ce qui vous nourrit en profondeur et donne du sens à votre existence.

Je vous lance cette invitation d'être explorateurs de notre relation au temps dans les prochains 109 jours et je vous relancerai à la fin de cette période pour accueillir vos observations et réflexions et vous partager les miennes.. Voici un modèle afin d'alimenter vos réflexions.

Restons connectés!

Abonnez-vous à mon infolettre “L’art d’ÊTRE humain”.
Du contenu intimiste et exclusif.
Promis, pas de SPAM. Que de l’inspiration!