Épisode 8 – L’art de recevoir des rétroactions difficiles: Comprendre pourquoi. Comment les accueillir.

Épisode 8 de l’infolettre audio L’art d’être humain, animé par Pascale Dufresne.

Les rétroactions difficiles: Comprendre pourquoi. Comment les accueillir.
(Tout en préservant sa sécurité intérieure)

Plan de l’épisode:

  1. Introduction: Je est un autre
  • L’importance des relations pour guérir et apprendre sur soi
  • Être un apprenant ET en sécurité sur sa valeur
  1. Le chemin que prend la rétroaction en nous (Physique, Mental, Émotionnel)
  2. Nos sensibilités face à la rétroaction
  3. Les 3 jeux intérieurs et les rétroactions difficiles
  4. Rétroactions: Naviguer les paradoxes
  5. Les cadeaux mal emballés: Sensibilité à la forme de rétroaction
  6. Mes invitations pour les semaines à venir
  7. Conclusion: Le fondement de la sécurité intérieure

Gratitude à:
Daniel Boivin, artiste (Pink Paradoxe)

Pour l’enregistrement et la production.

Références:

¹”Radical Candor: Be a Kickass Boss Without Losing Your Humanity”. Kim Scott

²Gabor Mate-Compassionate Inquiry
https://drgabormate.com/

³The art of feedback. Conscious Leadership Group:
https://u.pcloud.link/publink/show?code=8p4rtalK

Pour écouter cet épisode :

Transcript de l'épisode
Introduction:
Bonjour et bienvenue à cet épisode de "L'Art d'Être Humain", où nous explorons les mystères et beautés de la vie humaine, ses paradoxes et ouvrons toutes sortes de portes reliées au développement humain et leadership de soi.

Je est un autre". Cette phrase de Rimbaud nous rappelle ce moment lointain de notre enfance où nous avons pris conscience que la main qui nous nourrit, qui prend soin de nous, n'est pas la nôtre. C'est le point de départ de notre exploration de la conscience de soi, où se forge notre identité et où se tisse notre rapport aux autres.

"Je est un autre": Nous avons appris à percevoir le monde à travers le regard des autres, à agir en fonction de leurs attentes, à revêtir des masques pour nous conformer aux rôles qui nous sont assignés. Sans même nous en rendre compte, nous avons appris à nous identifier à ces masques, croyant être vraiment nous-mêmes alors que nous sommes en réalité façonnés par les autres.

Et ainsi, notre vie avance, pas après pas, tandis que nous déployons des stratégies inconscientes et automatiques, pour naviguer dans notre environnement.

Il n'est donc pas surprenant que parfois, certaines rétroactions soient difficiles à recevoir ! Elles remettent en question ces couches identitaires que nous avons inconsciemment construites au fil des années. Lorsque quelqu'un remet en cause ce que nous croyons être, c'est comme si notre essence même était remise en question. Nous nous sentons vulnérables, exposés, et souvent nous réagissons instinctivement pour protéger cette identité que nous avons si soigneusement élaborée. Mais comment pouvons-nous naviguer dans ces eaux de la rétroaction tout en restant ouverts au changement et à la croissance ? C'est la question à laquelle nous tenterons de répondre dans cet épisode, en explorant le monde de la rétroaction et son impact sur notre identité.

  • L'importance des relations pour guérir et apprendre sur soi
  • Peut-être connaissez-vous Dr Gabor Maté?
    C'est un médecin et auteur canadien renommé, spécialisé dans l'étude de la toxicomanie, du stress, de la santé mentale et de la psychologie du développement. Il est également un conférencier public et un défenseur de la santé mentale, et il est largement reconnu pour ses contributions à la compréhension des liens entre le corps et l'esprit, ainsi que pour son travail sur les traumatismes et les troubles de la dépendance. Ses écrits et ses discours ont eu une influence significative dans de nombreux domaines de la santé mentale et du bien-être.
    Il a dit:
    “We are wounded in relationships, and we heal through relationships.”
    "Nous sommes blessés dans les relations, et nous guérissons à travers les relations."
    Cette citation met en lumière l'importance des relations interpersonnelles dans notre vie et dans notre développement personnel et par le fait même de la rétroaction et du dialogue conscient et constructif. Si les relations peuvent être la source de nos blessures émotionnelles, elles sont aussi le moyen par lequel nous pouvons guérir et nous épanouir.
    Je constate que l'on parle beaucoup de sincérité constructive, de l’importance de donner des rétroactions courageuses et aussi de comment le faire. Mais je trouve que l'on parle peu de comment recevoir, accueillir ces rétroactions difficiles.

    Prenons l'exemple de ce livre très populaire, "Radical Candor: Be a Kickass Boss Without Losing Your Humanity", dans lequel l'autrice Kim Scott se concentre principalement sur la manière de donner des rétroactions.
    Elle aborde de façon, je dirais, assez brève et haut niveau le fait que recevoir des rétroactions est tout aussi crucial que les donner. Elle met en lumière l'importance de voir les rétroactions comme des opportunités d'apprentissage et de croissance plutôt que comme des critiques personnelles. Elle encourage les leaders à exprimer de la gratitude pour les rétroactions reçus, même s'ils peuvent être difficiles à entendre, car cela favorise un environnement de confiance et de respect mutuel au sein de l'équipe.
    Mais ça ne va pas plus loin. Et à mon avis, même si on croit sincèrement dans l'importance de la rétroaction dans notre développement, nous y réagissons parfois et avons de la difficulté à les accueillir.En théorie, on sait que c'est important, mais dans la pratique, et bien, c'est une autre paire de manches!

    Donner de la rétroaction demande du courage.
    Recevoir de la rétroaction demande du courage.

    Je le vois régulièrement quand j'accompagne des leaders dans un processus de rétroaction, lors des séances de débrief, avec le modèle Leadership Circle profile.

  • Être un apprenant ET en sécurité sur sa valeur
Alors voici les questions que je vous dépose dans cet épisode et que nous allons explorer:
  1. Qu'est-ce qui m'empêche d'accueillir certaines rétroactions? (Si bien formulées soient-elles. Et même si je sais qu'elles peuvent être utiles à mon développement et mon épanouissement.)

  2. Comment préserver mon sentiment de valeur personnelle, ma sécurité intérieure, ma dignité et mon estime de moi face à des rétroactions difficiles?

  3. Comment être apprenant ET demeurer confiant en ses capacités?
N'est-ce pas là que cela se joue? Dans le fait que certaines rétroactions viennent toucher directement à notre sécurité intérieure, estime, confiance, voir notre dignité?

Voilà le thème de notre épisode d'aujourd'hui.

Le chemin que prend la rétroaction en nous (Physique, Mental, Émotionnel)

  1. Réception : C'est le moment où nous recevons effectivement la rétroaction. Cela peut se produire par des mots, des gestes ou d'autres signaux verbaux ou non verbaux. Notre corps peut réagir physiquement de différentes manières. Par exemple, certains peuvent ressentir une tension dans les épaules, une accélération du rythme cardiaque, l'estomac qui se noue ou même une sensation de chaleur ou de froid. Ces réactions physiques sont souvent des signaux de notre système nerveux sympathique, qui se prépare à réagir à la situation de manière adaptative.

  2. Perception : Mental - Pendant cette étape, nous interprétons la rétroaction en fonction de nos pensées, de nos croyances et de nos valeurs. C'est un processus cognitif où nous donnons du sens à ce que nous avons entendu ou observé.

  3. Réaction émotionnelle : La rétroaction peut déclencher une réponse émotionnelle immédiate. Cela peut inclure des sentiments de colère, de frustration, de tristesse, de confusion ou même de soulagement, selon la nature de la rétroaction et notre propre état émotionnel.

  4. Pourquoi il y a une réaction émotionnelle? Parce que cette rétroaction vient toucher à un de nos besoins fondamentaux humains.
    En effet, si une rétroaction vient à brimer un de nos besoins fondamentaux humains, cela peut déclencher des réactions émotionnelles intenses et rendre la rétroaction difficile à accepter. Les besoins fondamentaux humains, tels que le besoin d'appartenance, d'estime de soi, d'autonomie, de compétence et d'authenticité, sont essentiels à notre bien-être émotionnel et psychologique. Lorsque ces besoins sont menacés par une rétroaction, cela peut déclencher diverses réactions : Protection, retrait émotionnel, colère ou frustration, doute de soi, culpabilité, évitement, opposition...

    Et je dirais au final que souvent, le besoin fondamental que ça touche, c'est celui de la sécurité psychologique...

    La sécurité psychologique est un besoin fondamental humain crucial qui peut être fortement impacté par la rétroaction car lorsqu'un des autres besoins cité plus haut est brimé, notre sécurité psychologique l'est aussi.

    Au fond, du fond du fond.... ce qui est touché lorsque nous recevons une rétroaction difficile, c'est notre sentiment de sécurité psychologique. Et on réagit au lieu d'accueillir. On se protège. Ça n'est pas mal, c'est humain. Mais... est-ce que cela nous sert au final?


  5. Processus mental : Mental - Après avoir ressenti des émotions initiales, nous passons souvent à un processus de réflexion plus rationnel et analytique. C'est là que nous traitons la rétroaction avec notre esprit, évaluant sa validité et envisageant notre réponse.

  6. Implication de l'ego : Notre ego peut jouer un rôle important dans la façon dont nous recevons la rétroaction. S'il s'agite, c'est qu'il protège notre image de soi, la perception que l'on a de son propre statut, compétence et valeur. Ainsi, lorsque la rétroaction menace cette image, l'égo peut réagir en se défendant ou en rejetant les rétroactions afin de protéger notre estime de soi et notre valeur. Et cela peut nous rendre vulnérable. ça n'est pas mal. L'ego n'est pas forcément malsain. Mais il s'agit d'être observateur de ce mouvement. Apprendre à le calmer et retrouver un sentiment de sécurité.Si la rétroaction menace notre image de soi ou notre estime de soi, nous pouvons être plus enclins à la rejeter ou à la percevoir comme une attaque personnelle. C'est probablement à cette étape que l'on se fabrique une histoire sur ce que la rétroaction signifie pour notre identité ou notre valeur personnelle. Quelle histoire je me raconte? Bon... "Je suis un échec total" "Personne ne m'apprécie" "Il ou elle ne m'aime pas comme je le mérite" "Je ne serai jamais assez". "C'est injuste, avec tout ce que j'ai donné, offert!" "Je suis un imposteur", "J'aurais donc dû", "C'est de leur faute, pas la mienne" "Tout le monde est contre moi", "Il faut que je change et vite..." etc...

  7. Et c'est ici, comme je le dis souvent, qu'entre la réaction (mode réactif), et la réponse (mode créateur), il n'y a qu'un tout petit moment.... Une respiration.... C'est à ce moment qu'on peut soit tomber de façon réflexe, comme sur le pilote automatique dans nos stratégies réactives: Culpabilité, honte, retrait émotionnel, sarcasme, arrogance, justification, rationalisation, rejet de la rétroaction, attaque... Ou bien, en observateur de soi, et voir ce qui se joue pour nous en ce moment. Ce court instant, cette respiration, représente en effet un moment crucial où nous avons le choix de réagir de manière réflexe ou d'adopter une approche plus consciente et créatrice, constructive et ouverte à l'apprentissage.

Nos sensibilités face à la rétroaction
Qu'est-ce qui fait que nous ne réagissons pas tous de la même façon aux rétroactions difficiles? Et que nous ne réagissons pas tous aux mêmes choses? Et bien, nous n'avons pas tous les mêmes sensibilités.

Les sensibilités différentes quant à la rétroaction peuvent découler de divers facteurs, à la fois individuels et contextuels. Voici quelques raisons pour lesquelles nous pouvons avoir des sensibilités différentes à la rétroaction :

  1. Expériences passées : Les expériences passées avec la rétroaction, qu'elles aient été positives ou négatives, peuvent influencer la manière dont on perçoit et réagit à la rétroaction dans le présent. Par exemple, quelqu'un qui a reçu principalement des rétroactions constructifs et bienveillants peut être plus ouvert à la rétroaction, tandis que quelqu'un qui a été critiqué de manière excessive ou non constructive peut être plus sensible ou défensif face à la rétroaction.

  2. Personnalité : Les traits de personnalité tels que le niveau de confiance en soi, la tolérance au risque, la sensibilité émotionnelle et la propension à l'introspection peuvent influencer la manière dont une personne réagit à la rétroaction. Par exemple, une personne avec une forte estime de soi peut être plus résiliente face à la critique, tandis qu'une personne plus sensible émotionnellement peut être plus affectée par les rétroactions négatives.

  3. Au travail: Culture et contexte organisationnel : Les normes culturelles et les pratiques organisationnelles peuvent également jouer un rôle dans la manière dont la rétroaction est perçue et reçue. Dans certaines cultures ou environnements de travail, la rétroaction directe et franche est valorisée, tandis que dans d'autres, elle peut être perçue comme impolie ou offensante. La culture de l'erreur: dans certaines organisations, on observe parfois une faible tolérance à l'erreur, du blâme et de la honte et donc, cela décourage les rétroactions honnêtes. Dans d'autres, on accepte l'erreur comme un sous-produit de l'expérimentation. C'est ce que j'appelle l'erreur apprenante.

  4. Relations interpersonnelles : La qualité de la relation entre la personne qui donne la rétroaction et celle qui la reçoit peut influencer la réceptivité de cette dernière à la rétroaction. Une relation basée sur la confiance, le respect et la bienveillance peut faciliter la réception de rétroactions, tandis qu'une relation tendue ou conflictuelle peut rendre la rétroaction plus difficile à accepter.

  5. Le jeu intérieur qui se met en branle en nous:
Dans mon dernier livre "Être un leader créateur", je parles des 3 jeux intérieurs du leader, basés sur les 3 types d'identités.
Vous pouvez, si vous avez le livre entre les mains, consulter le chapitre 2 pour voir les descriptions complètes de chaque jeu intérieur.

Les 3 jeux intérieurs et les rétroactions difficiles
Quand nous identifions nos sensibilités, nous répondons à la question: Pourquoi ça se passe?

Tentons maintenant de voir: Comment ça se passe?
Comment je traite les rétroactions pour chaque jeu intérieur :

  1. Le jeu intérieur Pacificateur :
  2. Pacificateur:
    - Identité Relations
    - Ma valeur personnelle, Être ok, c’est : être aimé, être approuvé, être accepté, appartenir, soutenir.
    Si votre principale préoccupation est d'entretenir des relations harmonieuses et d'éviter les conflits. Vous recherchez constamment l'approbation et l'acceptation des autres, et vous avez tendance à internaliser les rétroactions de manière personnelle. Les rétroactions négatives peuvent être particulièrement difficiles à accepter, car elles remettent en question votre besoin fondamental d'être aimé et accepté. Si on vous dit par exemple quelque chose qui touche à votre gentillesse, bienveillance, altruisme... Vous avez tendance à prendre les critiques à cœur et à vous blâmer facilement, ce qui peut compromettre votre confiance en vous-même.

  3. Le jeu intérieur Expert :
  4. Le leader expert
    - Identité: Intellectuel
    - Ma valeur personnelle: Savoir et avoir raison.
    - Être ok c’est : rester au-dessus de la «mêlée», se garder objectif, à l’écart et distant sur le plan émotionnel, intelligent, autonome, brillant.
    Si vous valorisez l'intelligence, l'autonomie, le savoir, que cous avez une forte confiance en vos connaissances et en votre capacité à avoir raison, et que vous préférez garder vos émotions à distance dans vos interactions professionnelles, les rétroactions qui remettent en question votre objectivité peuvent être perçues comme des menaces pour votre identité intellectuelle. Si cela touche le fait d'être trop sensible, émotif ou vulnérable, ou le fait d'avoir tort, vous pourriez avoir tendance à vous défendre avec des arguments logiques et à minimiser l'impact émotionnel des rétroactions critiques.

  5. Le jeu intérieur Performant :
  6. Le leader performant
    - Identité: Capacité de résultats
    - Ma valeur personnelle Être maître de la situation.
    Gagner. Faire beaucoup. Faire bien.
    - Être ok c’est : être numéro 1, meilleur, parfait, un gagnant, plus haut que les autres, en charge, en contrôle, être fort et ne pas subir d’échec.
    Si votre principale motivation est la réussite personnelle et la recherche de la perfection, que vous avez un fort besoin de contrôle et de pouvoir, et vous vous efforcez d'être le meilleur dans tout ce que vous entreprenez, les rétroactions qui remettent en question votre compétence ou votre statut de gagnant peuvent être particulièrement difficiles à accepter, car elles menacent votre image de vous-même en tant que leader ou personne infaillible.

    Rétroactions: Naviguer les paradoxes
    On sait qu'une rétroaction est un cadeau et aide à grandir, ET elle nous challenge et nous rend vulnérable en menaçant notre sécurité et notre valeur.
    On veut avoir confiance en nous ET être apprenant.
    Ça n'est pas simple. Mais j'observe que cela passe souvent par l'acceptation.
    Que puis-je accepter? Puis-je accepter de me rendre vulnérable? Puis-je accepter d'avoir tort? De ne pas être capable de tout faire? Accepter d'être vu? Accepter que j'ai peur? Car la vulnérabilité est souvent un précurseur de la croissance. Être capable d'accepter et de gérer cette vulnérabilité peut nous permettre de tirer le meilleur parti des rétroactions, même si elles sont difficiles à entendre. Cultiver une attitude d'ouverture et de courage peut nous aider à transformer les défis en opportunités d'apprentissage et de développement personnel.

    Confiance en soi et être apprenant
    Pour concilier ces deux aspects, il est important de comprendre que la confiance en soi ne signifie pas l'arrogance ou la fermeture d'esprit. Au contraire, une véritable confiance en soi est souvent associée à l'humilité et la posture d'apprenant, car elle reconnaît que personne n'est parfait et qu'il y a toujours place à l'amélioration. Être humble ne signifie pas douter de soi-même, mais plutôt être conscient de ses forces et de ses faiblesses, et être ouvert à la croissance et à l'apprentissage continus.

    Les cadeaux mal emballés: Sensibilité à la forme de la rétroaction
    J'aimerais que l'on aborde en tout dernier lieu, une sensibilité que j'observe souvent et que je vis aussi personnellement: Les rétroactions sous forme de cadeaux mal emballés.

    La rétroaction est souvent comparée à un cadeau. Mais parfois, ce cadeau ressemble plus à un présent mal emballé qu'à un paquet soigneusement préparé. Ces rétroactions, bien que bien intentionnées, peuvent parfois laisser un peu à désirer dans leur livraison et leur contenant.

    Des exemples :

    1. La forme ne convient pas : "Écoute, j'vais être direct..." - Un exemple typique de feedback qui commence par une phrase abrupte, sans préambule, nous laissant peu de temps pour nous préparer à ce qui va suivre.

    2. On trouve que la personne manque de sensibilité. Recevoir du feedback lorsque nous sommes épuisés et peu enclins à l'écoute. Ou qu'il est livré de de façon que l'on considère dure.

    3. La personne engage la conversation... pas au bon moment, le moment inopportun, nous sommes déjà débordés ou préoccupés par d'autres tâches et la personne ne valide pas si nous sommes disponibles. Bref, elle ne cogne pas avant d'entrer!

    4. Ça ne fait pas de sens au premier abord. La rétroaction est livrée de manière à semer la confusion, sans fournir d'explications claires ou de conseils pour s'améliorer. Ça n'est pas clair, on ne comprend pas ce qui nous est reproché ou attendu de nous, c'est vague ou ambigu.

    5. La critique injuste : "On s'attendait à mieux, tu vois ?" - Se sentir sous-estimé et dévalorisé malgré nos efforts et nos réalisations passées.

    6. On ne saisit pas l'intention: On se demande: Pourquoi la personne me dit ça... ?

    7. On est juste fatigué : "Je sais que c'est la fin de journée, mais je pense que c'est le bon moment pour te parler de..."
    Nous pouvons nous retrouver à nous obstiner sur la forme de la rétroaction plutôt que sur le contenu réel du message. Alors dans ces cas, ça n'est pas tant le contenu mais surtout le contenant de la rétroaction qui nous fait réagir. Observez la prochaine fois que vous recevez une rétroaction difficile, si c'est le cas.
    Nous verrons des façons de faire dans la prochaine section pour répondre à ce genre de rétroaction.

    Un texte de Marshall Rosenberg, le fondateur de la CNV (Communication Non-Violente):
    Je peux accepter que tu me dises
    Ce que j’ai fait ou pas fait.
    Et je peux m’arranger de tes interprétions
    Mais je t’en prie ne mélange par les deux.
    Si tu veux semer la confusion
    Je peux te dire comment :
    Mélange ce que je fais
    Et ta façon d’y réagir.
    Dis-moi que tu es déçue
    De voir des tâches inachevées,
    Mais ce n’est pas en me traitant d’irresponsable
    Que tu parviendras à me motiver.
    Et dis-moi que tu te sens blessée
    Quand je réponds non à tes avances.
    Mais ce n’est pas en me traitant d’insensible
    Que tu m’attireras vers toi.
    Oui, je peux accepter que tu me dises
    Ce que j’ai fait ou pas fait.
    Et je peux accepter tes interprétations
    Mais je t’en prie ne mélange pas les deux.

    Marshall Rosenberg

    Que comprenez-vous de ce texte?
    On pourrait dire que... Une rétroaction respectueuse et bienveillante repose sur la clarté ainsi que sur la distinction entre les actions observables et les interprétations.
    Elle devrait viser ce que la personne a fait. Pas ce qu'elle est...
    Mais personne n'est parfait, alors soyons ouverts, curieux afin de pouvoir profiter des cadeaux que les rétroactions ont à nous offrir, même si parfois, elles sont difficiles à recevoir.

    Alors voilà, nous avons fait le tour de ce que j'appelle les types de "sensibilités" possibles. Ça n'est évidemment pas une liste exhaustive. Mais j'espère que tout cela vous aide à faire un pas de plus dans la compréhension de qui vous êtes face aux rétroactions. Connaître ses sensibilités, c'est un pas de plus pour mieux accueillir les rétroactions!

    Mes invitations pour les semaines à venir

    1) Une chose à explorer avec curiosité
    Parfois, lorsque nous recevons une rétroaction nous reprochant un certain comportement, nous réagissons de manière ironiquement conforme à cette même critique. Par exemple, si quelqu'un nous reproche d'être susceptible, notre réaction immédiate pourrait être de nous offusquer et de défendre notre position en disant quelque chose comme : "Ben non, pourquoi tu dis ça !?" C'est une illustration parfaite de la manière dont nous pouvons involontairement renforcer le jugement de l'autre en réagissant de manière prévisible à la critique, alors même que nous pourrions être en train de le contester. En fin de compte, cela ne fait que confirmer le point de vue initial de la personne nous adressant la rétroaction.

    Mes parents m'ont raconté que petite, j'étais très têtue... J'ai transporté de trait de caractère à l'adolescence et au début de ma vie adulte.
    Lorsqu'on me donnait une critique ou une rétroaction que je n'avais pas envie d'entendre, oh que je m'obstinais, cherchais à me défendre et avoir raison... En plein ce que l'on me reprochait! CGQF comme on dit!

    J’ai dit ces mots à une personne que j’accompagne dernièrement:
    Et si tu mettrais tes énergies à poursuivre , aimer ce que tu es au lieu de défendre ce que tu n’es pas....Tu es assez. Tu es aimable. Sans avoir à en faire autant ou à être autre chose que tu n’es pas.
    Elle a éclaté en sanglot. Nous avons passé plusieurs minutes en silence. Et elle a murmuré: Je suis assez. Je n’ai pas à en faire autant. Je suis assez.
    Cela vous parle?
    Et si nous mettions notre énergie à devenir, être la personne que nous désirons être, le leader que nous désirons être, au lieu de défendre une certaine version de nous...

    2) Une chose à laquelle réfléchir:
    Lorsque vous recevez une rétroaction, demandez-vous:
    Qu'est-ce qui est en jeu ?

    • La personne que je me dois d'être?

    • Cette rétroaction remet-elle en question votre perception de qui vous devriez être pour être accepté et aimé par les autres ? Vous êtes-vous senti jugé par rapport à un idéal que vous vous êtes fixé, une image de vous-même que vous pensez devoir maintenir pour être en sécurité dans vos relations ?
    • Votre valeur personnelle?

    Cette critique a-t-elle touché à votre perception de votre propre valeur et de votre importance en tant que personne ? Vous êtes-vous senti remis en question dans votre valeur intrinsèque, votre estime de soi étant liée à votre performance, à votre intellect ou à vos compétences ?

    Était-ce une critique de vos relations avec les autres, remettant en question votre capacité à maintenir l'harmonie et l'acceptation dans vos interactions ?

    Était-ce une remise en question de votre intellect ou de vos compétences, vous mettant au défi de prouver votre expertise et votre objectivité ?

    Ou peut-être était-ce une évaluation de vos performances, mettant en lumière vos faiblesses et remettant en question votre statut de gagnant et de numéro un ?

    Est-ce une critique de votre valeur personnelle, remettant en question votre identité même et votre place dans le monde ?

    Est-ce une remise en question de votre intégrité, mettant en doute votre honnêteté et votre fiabilité en tant que leader et individu ?

    Ou peut-être est-ce une critique de votre potentiel, suggérant que vous avez atteint vos limites et que vous ne pouvez pas aller plus loin ?

    Ou peut-être réagissez-vous sur le contenant, la façon, le moment dont cette rétroaction vous est livrée.
    Une fois que vous avez identifié ce que cette rétroaction touche en vous, vous avez le choix de le nommer à l'autre. Cette rétroaction est difficile à recevoir pour moi. Voici pourquoi. Elle touche quelques chose de sensible. Un acte courageux et vulnérable mais qui peut amorcer une conversation authentique, et sincère. et créer de la connexion

    3) Une chose à essayer:
    (Inspiré de: Conscious Leadership Group: The art of feedback. Traduction libre)
    La rétroaction est un cadeau. Peu importe d'où il vient ou comment il est livré, il offre une occasion unique d'apprendre et de grandir.

    Une approche à essayer:

    • Demandez-vous comment, et non pas si, ce que la personne dit est vrai.

    • Posez des questions pour mieux comprendre la perspective de la personne:
      Aide-moi à comprendre...
      Que veux-tu dire exactement...
      Parle moi de...
      Quel a été l'impact pour toi...
      Qu'est-ce que ça t'a fait sentir...
      Dis-moi en plus, j’ai envie de comprendre
      Nous semblons avoir vécu la situation différemment. Parle-moi de ton expérience.
      Comment pourrait-on faire différemment...

    • Voyez la personne comme une alliée pour votre apprentissage et pour vous.

    • Soyez curieux : "Que puis-je apprendre de cela ?"

    • Remerciez la personne pour le rétroaction d'information afin de l'encourager à en donner davantage.

    • Faites une pause, respirez, et reconnaissez toute réactivité. Est-ce que j'accepte là où je suis en ce moment face à cette rétroaction?

    • Si vous n'êtes pas prêt à sortir de la réactivité (c'est ok!), informez la personne que vous n'êtes pas disponible pour recevoir des rétroactions et proposez un autre moment pour terminer la conversation.

    • Accordez-vous un certain temps d'introspection pour réfléchir au déclencheur: Qu'est-ce qui se passe? Pourquoi ça se passe?

    À éviter: Les réponses suivantes reflètent un manque d'ouverture à recevoir des rétroactions d'information :
    • "Tu ne comprends pas mon problème." ou "Ce n'est pas ça."

    • "Je travaille déjà là-dessus." ou "Je le savais déjà."

    • "Je n'ai pas demandé ton avis."

    • "Je n'aime pas ton ton, tes mots, le timing..."

    • "Tu n'es pas un expert dans ce sujet donc ta rétroaction d'information n'est pas utile pour moi."

    • "Tu ne te soucies pas de moi."

    • "Ce n'est pas moi, c'est eux."</li
    • "Quel est le problème ?"

    • "Ce n'est pas constructif."

    • "Tu fais la même chose."

    • "Ce n'est pas ainsi que je m'en souviens."

    • "Je ne pense pas que ce soit un problème, mais je vais changer si ça te fait plaisir."

    • "Peu importe."

    • "Tu essaies juste de me contrôler."

    • "Je ne te fais pas confiance et je ne crois pas à tes motivations pour me donner un rétroaction d'information."

    • "Ce n'est pas drôle !"

    • "Pourquoi as-tu toujours raison et moi toujours tort ?"

    • "J'ai besoin d'une pause par rapport à ce problème."
    Si vous vous entendez dire cela, tentez autre chose!🙂
    Tentez la curiosité.

    Conclusion:
    En conclusion, nous sommes invités à méditer sur la sagesse de Stephen Porges, psychologue américain et neuroscientifique, (vous pouvez trouver en ligne des échanges entre lui et Gabor Maté), qui nous rappelle que:
    "La sécurité n'est pas l'absence de menace, c'est la présence de connexion."
    Dans nos conversations, rétroactions, assurons-nous de porter cette intention: Créer de la connexion. C'est ça le but au fond d'offrir des rétroactions et de les recevoir! D'enrichir notre expérience humaine! D'être connectés les uns les autres!

    Pouvons-nous, comme le suggère Porges, trouver refuge dans cette idée que la sécurité découle de nos interactions, de notre capacité à nous soutenir mutuellement ? Dans un monde où la douleur et la désunion peuvent sembler prédominantes, chaque geste de tendresse, chaque moment de connexion, devient une lueur d'espoir dans l'obscurité. Et si la connexion est là, et donc la sécurité, nous créons des espaces où ces conversations courageuses peuvent avoir lieu! Des conversations qui font grandir et qui guérissent.

    Ensemble, en honorant notre humanité partagée, en embrassant notre vulnérabilité et en célébrant nos différences, nous pouvons guérir les blessures de notre monde. Car c'est dans cet élan collectif de compréhension et d'amour que réside notre véritable puissance de transformation.

    Merci d'avoir été avec moi aujourd'hui. Je souhaite que cet épisode vous permette, d'ouvrir des dialogues avec ceux qui vous sont chers, à la maison comme au bureau et de cultiver des liens significatifs et authentiques! De recevoir le cadeau de la rétroaction, tout en sachant au fond de vous que vous êtes assez. Aimons et poursuivons ce que nous sommes, au lieu de défendre ce que nous ne sommes pas.
    Avec tendresse.

Restons connectés!

Abonnez-vous à mon infolettre “L’art d’ÊTRE humain”.
Du contenu intimiste et exclusif.
Promis, pas de SPAM. Que de l’inspiration!