Introduction: La tension entre le désir de croire... et la peur d'être déçu.e...
Ces temps-ci, il suffit d'ouvrir son téléphone le matin pour sentir monter en soi une vague de cynisme. Les manchettes nous bombardent d'informations sur la montée des extrêmes, la polarisation sociale, les conflits qui s'intensifient... Sans parler de ce qui se passe chez nos voisins du Sud, où la démocratie semble danser sur un fil.
"Ah, les humains... on ne changera jamais!"
"Mais où donc s'en va notre monde!"
"À quoi bon essayer? Ça ne changera rien..."
Vous reconnaissez ces petites voix? Ces pensées qui surgissent quand on regarde l'actualité, quand on lit les commentaires sur les réseaux sociaux, ou même parfois dans nos conversations quotidiennes?
C'est fascinant, non? Même les plus optimistes d'entre nous abritent probablement un.e petit.e cynique intérieur.e qui attend son heure. Qui observe le monde avec un sourcil levé et un demi-sourire désabusé. Qui se dit "Je ne me ferai pas avoir, moi. Je sais comment ça marche..."
Et il faut bien l'admettre : ce cynisme ne vient pas de nulle part. Il s'est construit au fil de nos déceptions, de nos désillusions, de nos rencontres avec la complexité parfois sombre du monde. Il s'est nourri de nos expériences, de nos observations, de notre désir légitime de nous protéger.
Mais voici la question qui me fascine et que j'aimerais explorer avec vous aujourd'hui : Et si le cynisme n'était qu'une étape dans notre développement humain? Et si, plutôt qu'une façon de voir le monde finale, c'était un passage vers quelque chose de plus profond, de plus nuancé, une certaine sagesse?
Comment naviguer entre la naïveté et le cynisme? Comment garder les yeux ouverts sur la réalité du monde tout en préservant notre capacité d'espérer et d'agir? Comment cultiver un regard lucide qui n'abandonne pas pour autant la possibilité du bien, du beau, du changement?
C'est ce voyage que je vous propose aujourd'hui. Un voyage au cœur de cette tension que nous connaissons tous, entre notre désir de croire en l'humain et notre peur d'être déçus. Entre notre aspiration à contribuer au monde et notre tentation de nous en protéger.
Partons ensemble à la découverte de ce que la science, la philosophie et l'expérience humaine peuvent nous apprendre sur le cynisme - et sur ce qui peut exister au-delà.
Quelques définitions pour y voir plus clair
Je vous propose d'explorer cinq façons différentes de voir le monde : le cynisme, le scepticisme, le pessimisme, l'optimisme et la naïveté. En comprenant mieux ces différentes attitudes, nous pourrons peut-être trouver une façon plus sage de naviguer dans la complexité de notre monde.
Commençons par bien définir ces termes.
Je me suis inspirée de ce livre que j'aime beaucoup: Le "
Dictionnaire philosophique" d'André Comte-Sponville pour tenter d'y voir plus clair dans la définition de mots reliés au cynisme.
- Cynisme
Saviez-vous qu'il existe le cynisme antique et le cynisme moderne? Qu'avant d'être cette attitude désabusée que nous connaissons aujourd'hui, c'était une véritable école de sagesse? J'ai appris cela en lisant André Comte-Sponville
Du temps de Socrate, le cynisme était une école de sagesse, menée par des philosophes qui cherchaient la vérité et la liberté. Leur approche? Refuser les faux-semblants, les conventions vides, les "on dit" et les "il faut". Ils voulaient voir la réalité telle qu'elle est, sans maquillage.
Le cynisme d'aujourd'hui, c'est cette tendance à voir le pire partout. "Les gens ne pensent qu'à eux", "Tout le monde a une agenda cachée", Les gens ne changeront jamais". C'est devenu synonyme de méfiance systématique.
En plus simple? C'est comme dire "Je ne crois plus aux belles histoires, je vois les choses comme elles sont vraiment." Le cynique moderne pense avoir tout compris du monde, et ce qu'il a compris n'est pas joli.
Maintenant, explorons ce avec quoi on le confond souvent.
- Le scepticisme
Le scepticisme, lui, c'est tout autre chose. Imaginez quelqu'un qui dit "Montre-moi, prouve-moi, explique-moi". Le sceptique ne rejette pas tout - il fait preuve d'esprit critique, il doute, examine, questionne, cherche à comprendre. C'est une posture intellectuelle qui cherche la vérité sans prétendre la posséder définitivement. C'est comme être un bon détective plutôt qu'un juge qui a déjà son verdict tout prêt.
Le scepticisme? Selon notre philosophe Comte-Sponville, c'est "penser que toute pensée est douteuse - que nous n'avons accès à aucune certitude absolue."
En clair? C'est garder un point d'interrogation sain dans notre esprit. Pas pour tout rejeter, mais pour rester curieux, ouvert, prêt à apprendre.
- Le pessimisme
Le pessimiste met les choses au pire. Soit il juge qu'il y a plus de mal que de bien dans le monde, soit il pense que tout va empirer. C'est différent du cynique qui, lui, refuse de croire au bien. Le pessimiste voit le bien, mais pense que le mal l'emporte toujours.
- L'optimisme
Et de l'autre côté du spectre, on trouve l'optimisme, qui contrairement à ce que pensent les cyniques, n'est pas une naïveté béate. C'est voir les choses comme elles sont, puis se donner les moyens de les transformer.
- La naïveté
Et la naïveté? Elle n'est pas l'opposé du cynisme, mais plutôt son miroir déformant. Si le cynique voit le mal partout, le naïf ne le voit nulle part. Les deux manquent de cette nuance critique qui fait la richesse de la pensée.
Alors peut-être que la vraie sagesse, ce n'est ni de tout rejeter comme le cynique, ni de tout accepter comme le naïf, mais de cultiver cette capacité à voir le monde tel qu'il est tout en gardant la volonté de le rendre meilleur?
Vous voyez comment tous ces concepts s'articulent? Résumons :
Le cynique dit "Tout est pourri", le sceptique demande "Est-ce vraiment ainsi?" et analyse "Voyons voir ce qui se passe réellement", l'optimiste lucide affirme "Il y a des problèmes ET nous pouvons agir", le naïf dit "Tout est parfait".
C'est important de faire ces distinctions, car elles nous montrent que nous avons le choix. Le cynisme n'est pas la seule réponse mature face à la complexité du monde. Il existe d'autres façons de voir, de penser, d'être.
Maintenant que nous avons clarifié ces concepts, dans notre prochain point, nous allons voir comment la science moderne nous aide à comprendre pourquoi le cynisme est si tentant... et comment nous pouvons le dépasser.
De l'espoir pour les cyniques
J'ai découvert le livre "Hope For Cynics-The Surprising Science of Human Goodness" de Jamil Zaki, professeur de psychologie à Stanford, un peu par hasard, en écoutant un balado. C'est paru tout récemment en 2024.
Voici les points essentiels de sa pensée :
L'auteur, Jamil Zaki part d'un constat : nous vivons dans une époque qui encourage le cynisme. Les médias, les réseaux sociaux, les crises multiples nous poussent à voir le pire chez les autres. Mais ses recherches en psychologie sociale révèlent que ce cynisme est :
- Scientifiquement inexact (il déforme notre perception de la réalité)
- Socialement dommageable (il crée des cercles vicieux de méfiance)
- Personnellement épuisant (il nous prive de connexions enrichissantes)
Sa thèse centrale : le cynisme n'est pas de la lucidité, c'est un biais cognitif. Nos cerveaux sont programmés pour donner plus de poids aux informations négatives qu'aux positives (biais de négativité), ce qui crée une vision déformée de la réalité.
Ses recherches montrent que :
- La plupart des gens sont plus altruistes que nous le pensons
- La bonté et la coopération sont des forces évolutives puissantes
- Les humains ont une capacité naturelle à l'empathie et à la compassion
Sa solution? Non pas un optimisme naïf, mais ce qu'il appelle le "hopeful skepticism" - un peu difficile à traduire en français, mais disons que ça se rapprocherait d'un "scepticisme constructif", une approche qui combine :
- La rigueur scientifique dans l'observation
- L'ouverture à la possibilité du bien
- L'engagement actif dans la création de cercles vertueux
« Le cynisme est un manque de confiance dans les gens ; le scepticisme est un manque de confiance dans nos hypothèses. Les cyniques imaginent que l’humanité est horrible ; les sceptiques rassemblent des informations sur les personnes en qui ils peuvent avoir confiance. Ils s’accrochent à leurs croyances avec légèreté et apprennent rapidement.
- Jamil Zaki, Espoir pour les cyniques : la science surprenante de la bonté humaine
Un antidote au cynisme: Sonder
Où va-t-on alors à partir de là? J'ai une autre référence pour vous aujourd'hui, un trouvaille qui m'a complètement fascinée: Le "Dictionary of Obscure Sorrows" nous offre ce magnifique concept de "sonder" qui est presque un antidote naturel au cynisme.
"Sonder" est un mot inventé par le Dictionary of Obscure Sorrows, qui décrit une expérience que nous avons tous vécue, mais pour laquelle nous n'avions pas de mot : "sonder", cette prise de conscience soudaine que chaque personne qu'on croise vit une vie aussi riche et complexe que la nôtre. Chaque passant a ses propres espoirs, ses peurs, ses souvenirs, ses batailles intérieures, ses moments de joie et de doute.
Pourquoi est-ce un antidote au cynisme?
Le cynique a tendance à voir les autres comme des personnages secondaires dans son histoire - des êtres prévisibles, guidés par leurs pires instincts. "Les gens sont tous...", "Tout le monde ne pense qu'à..."
Mais quand on "sonde", on ne peut plus réduire les autres à des caricatures. Comment maintenir son cynisme quand on réalise que :
- Cette personne qui nous a bousculé ce matin vit peut-être le pire jour de sa vie
- Ce collègue "difficile" porte peut-être des batailles dont nous n'avons aucune idée
- Cet inconnu qui nous sourit dans la rue a toute une histoire, des espoirs, des peurs, des joies et des peines
Sonder, c'est comme mettre des lunettes 3D sur notre vision du monde : là où le cynique voit en noir et blanc, on commence à voir toutes les nuances, toute la profondeur de l'expérience humaine.
Ce n'est pas un appel à la naïveté - c'est une invitation à la complexité et à l'humanité. À voir les autres non pas seulement comme ils "sont", mais comme ils "deviennent", avec leurs contradictions, leurs luttes, leurs aspirations.
Et peut-être que dans ce regard plus profond réside le début d'une sagesse plus riche que le cynisme.
- Le cynique réduit les autres à leurs pires actions ou intentions
- "Sonder" nous rappelle leur pleine humanité
Quand on réalise vraiment que chaque personne:
- A une histoire aussi complexe que la nôtre
- Vit des dilemmes aussi nuancés que les nôtres
- Porte des blessures et des espoirs comme nous
...il devient plus difficile de les réduire à des caricatures négatives.
C'est comme si "sonder" nous invitait à :
- Remplacer le "ils sont tous..." du cynique
- Par un "chacun d'entre eux...". A individualiser chaque personne.
Cette simple prise de conscience peut être un premier pas pour sortir du cynisme, non pas vers la naïveté, mais vers une compréhension plus riche et plus nuancée de l'humanité qui nous entoure.
Le cynisme comme un étape de développement
Après avoir exploré les différentes définitions, découvert la science derrière le cynisme, et réfléchi à l'importance de "sonder", nous arrivons peut-être à la question la plus importante : que faire de notre cynisme?
Le cynisme peut sembler une réponse naturelle à nos déceptions. C'est même une réaction qui fait sens d'un point de vue évolutif - notre cerveau est programmé pour donner plus de poids aux expériences négatives qu'aux positives. C'est ce qu'on appelle le biais de négativité en psychologie. Nous sommes plus motivés à éviter les situations négatives qu'à rechercher les positives.
Il y a évolution, comme un parcours naturel, car au début, nous sommes dans la naïveté - nous faisons confiance à tout le monde, sans discernement. Puis vient la trahison, la déception qui nous blesse profondément. Nous basculons alors dans le cynisme, croyant être devenus plus intelligents. Et d'une certaine façon, nous le sommes - le cynisme est effectivement une progression par rapport à la naïveté.
Car c'est la solution facile. On n'a pas besoin de chercher à comprendre l'autre, on saute directement aux conclusions. On évite l'effort d'analyser chaque situation dans sa complexité. Il n'y a pas d'évolution.
L'acteur et chanteur Jeff Bridges nous dit: "Les cyniques ne sont souvent que des romantiques meurtris : derrière leur carapace de cynisme se cache une sensibilité à vif, une petite flamme fragile qu'ils protègent, qui continue de brûler malgré les blessures"
Le cynisme n'est pas une destination finale. La vraie sagesse, c'est de transcender le cynisme. C'est de reconnaître que oui, nous portons tous en nous des zones d'ombre, des motivations complexes, et pourtant choisir consciemment de tendre la main. Non pas par naïveté cette fois, mais parce que c'est ainsi que nous nous élevons mutuellement.
Le cynisme ne peut pas coexister avec une vraie humilité ou une réelle empathie. Car l'humilité nous pousse à apprendre plutôt qu'à présumer, à comprendre plutôt qu'à juger.
N'est-ce pas fascinant comme perspective? Le cynisme n'est pas une destination, mais une étape dans notre développement.
Prenez un instant pour vous rappeler une expérience négative qui vous a marqué... Ces moments où quelqu'un vous a trahi, déçu, ou manipulé. Des expériences s'impriment profondément dans notre mémoire. Peut-être vous êtes-vous dit: "Je ne me ferai plus avoir!" Et le cynisme est alors devenu une protection, une armure.
Mais il y a un renoncement à demeurer dans cette posture. Nous risquons de passer à côté de quelque chose d'essentiel : la possibilité de connexions authentiques, d'opportunités de collaboration, de moments de vraie confiance.
La vraie sagesse, celle qui transcende le cynisme, c'est de choisir consciemment la confiance tout en gardant les yeux ouverts. C'est comprendre que la méfiance systématique nous isole autant qu'elle nous protège. C'est reconnaître que même si la trahison est possible, la connexion aussi est possible et en vaut le risque.
Conclusion: Alors... Réside-t-il un.e cynique en chacun de nous?
Après ce voyage à travers les définitions philosophiques, la science moderne, et les différentes façons de voir le monde, je dirais que oui, il y a un cynique qui habite en chacun de nous. C'est cette voix qui nous murmure "méfie-toi", qui nous rappelle nos déceptions passées, qui veut nous protéger.
Mais ce n'est qu'une voix parmi d'autres. Il y a aussi en nous :
Un sceptique qui pose des questions
Un optimiste qui voit des possibilités
Un être capable de "sonder", de voir la profondeur chez les autres
Le cynisme n'est pas notre ennemi - c'est un professeur qui nous a appris la prudence. Mais comme tout bon professeur, il doit savoir quand se taire pour laisser place à d'autres apprentissages.
La vraie maturité, ce n'est pas de faire taire le cynique en nous, ni de le laisser diriger notre vie. C'est de l'accueillir comme une voix parmi d'autres, un conseil parmi d'autres, une perspective parmi d'autres.
Et peut-être que la prochaine fois que cette voix cynique s'élèvera en nous, nous pourrons lui dire : "Oui, je t'entends. ET... je choisis quand même de tendre la main, d'oser la confiance, de voir la complexité chez l'autre. Non pas parce que je suis naïf, mais parce que je suis plus sage qu'avant.
Et maintenant, pour terminer cet épisode, je voudrais partager avec vous un texte que j'ai performé lors d'une compétition de slam à Montréal l'an dernier. Il met en scène ce dialogue intérieur entre le cynique et l'optimiste qui habite en moi et peut-être en chacun de nous! C'est une autre façon, plus poétique cette fois, d'explorer cette danse entre méfiance et espoir, entre protection et ouverture...
Si changer le monde semble être une mission trop vaste, changer notre regard sur le monde, ça, c'est à notre portée! Je dirais que c'est en résumé l'invitation de cet épisode d'aujourd'hui!
Bonne écoute et à tout bientôt je l'espère!
Mon texte de slam:
Cher optimiste,
Tu es trop idéaliste
Un câlinours naïf qui voit le verre à moitié plein
Les problèmes? Des cadeaux de la vie mal emballés
Les défis? Des opportunités camouflées
Une tempête? Le soleil brillera toujours après
Pareil pour le tunnel, au bout y a toujours une lumière
Tu as un désir, pour toi, l'univers conspire, c'est clair
Après la pluie, il y a toujours le beau temps, c'est presque mathématique!
La vie t'envoie des citrons, toi, tu t'fais un gin tonic.
Tu es comme ce petit canard dans le bain
Qu'on essaie de faire caler
Qui refais toujours surface.
Avec le sourire dans face!!!!
Et ça ....m'agace!
Cher cynique,
Toi, idéaliste déçu
Pas si loin de moi ...une cynique rescapée...
Les déceptions et trahisons et ont eu raison de ta confiance
Tu t'es promis de te garder loin de toute souffrance
Dans ton monde teinté de tragique,
Où chaque espoir semble pathétique, (1 minute)
Après la pluie, ben y a les moustiques
Pour toi, la lumière au bout du tunnel, c'est sûrement un train!
Si ça semble trop beau pour être vrai, c'est sûrement le cas.
On n'a jamais rien sans rien
Sans peines, pas de gain
Cher optimiste,
Face aux ombres et au ténébreux
Je refuse de fermer les yeux.
Le gardien de ma lucidité c'est mon indignation
Un feu qui brûle contre l'indifférence et l'illusion.
Cher cynique,
Tu peux penser que je suis sensible, rêveuse, utopiste,
Mais je ne m'excuserai plus jamais.
Plus jamais d'embrasser l'espoir, la joie et la beauté
Et je n'ai pas envie de me demander
Si L'Homme est fondamentalement bon?
Car en l'absence de certitude
Il me reste la liberté de ce en quoi je peux croire
Mon choix est clair, entre le cynisme et l'espoir.
Même lorsque le monde est fou et qu'il s'effondre. (2 minutes)
C'est l'engrais pour ma part pour le monde
Cher cynique, cher optimiste,
Je vous vois.
Vous avez besoin l'un de l'autre pour vous révéler,
L'optimiste en moi grandit où le cynique ose questionner.
Toi le cynique, je ne peux imaginer ma vie sans toi.
Tu es la création de mon passé
De toutes mes angoisses rassemblées
Illuminant les recoins sombres
Le maestro de mes jours de pénombre.
La voix de ma prudence, l'écho de mes peurs et doutes (2 minutes et demi)
Toi l’optimiste,
Flambeau de l'espoir, traçant des chemins et des routes.
Tu créées un futur différent pour mes enfants
Dans un monde en mouvement, tu es mon fil constant.
Je suis ce théâtre qui se joue dans mon esprit.
Vous êtes les acteurs de cette pièce qu'est ma vie.
C'est ensemble que vous écrivez mes poésies
Le rideau ondule révélant vos vérités sincères
C'est en touchant mes propres nuits
Que je découvre la puissance de ma propre lumière
Et avant d'embrasser les paradoxes du monde extérieur
Il me faut accueillir mes propres voix et douleurs
Je ne cesserai pas de m'indigner de ce qui me blesse de notre humanité
Mais quand me prendra l'envie de la détester
Je forgerez de cette rage un pont vers demain
Pour que jamais mon amour pour le monde ne soit éteint.